Statue de Saint-Joseph issue des collections des Capucins de Mons.

Saint Joseph patron des menuisiers, des charpentiers et de la Belgique est fêté le 19 mars. Il l’est également le 1er mai (jour de la fête du travail) en tant que patron des travailleurs (fête instituée en 1955 par Pie XII). Pour de nombreux amateurs, la Saint-Joseph a longtemps marqué le retour des courses cyclistes avec la « Primavera » (Milan- San Remo) qui traditionnellement avait lieu le … 19 mars[1] .

Mais le saint Joseph qui nous intéresse, sans vouloir être exhaustif, est celui représenté dans la collégiale Sainte-Waudru. Il n’est pas le saint le plus représenté mais l’est toutefois plus que sainte Waudru à qui est pourtant dédiée la collégiale. Alors, où le trouver ?

Saint Joseph est naturellement représenté, parfois très discrètement, dans les scènes dédiées à la séquence de Noël (livre d’heures de la fin du XVe, verrières du XVIe dans le chœur, ornement liturgique du XVIe, calice du XVIIe, retable néogothique de 1898 par le sculpteur De Maertelaere [chapelle de Notre-Dame d’Alsemberg]).

Joseph enseigne son métier à Jésus – retable de 1898 – chapelle de Notre-Dame d’Alsemberg.

On le découvre également dans des scènes relatives à la fuite en Egypte (livre d’heures de la fin du XVe, verrière du XVIe dans le chœur, calice du XVIIe, retable néogothique de 1911[2] et verrière de 1912 [chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs], verrière néogothique de 1904 dans la chapelle … dédiée à saint Joseph).

Il est également présent dans les peintures consacrés à la Sainte Famille et y est souvent présenté tenant une fleur de lys. Comme c’est également le cas dans une verrière de 1887, dans la chapelle dite du Saint-Sacrement, dans laquelle Joseph figure une fleur de lys dans la main droite[3].

Statue de Saint-Joseph dans le retable de C. Goffaerts – 1904.

L’époux de Marie peut aussi compter sur quelques statues pour l’évoquer : celle sculptée en 1858 par Jean-Baptiste Loor dans la chapelle de semaine, celle de 1904, due au sculpteur Goffaerts, intégrée au retable dédié à sainte Aye[4] (Joseph est représenté de la même manière [il tient une fleur de lys et un panier avec des colombes] dans la verrière -1901- de la chapelle), celle (XVIIIe ou XIXe – présentée dans la chapelle Saint-Joseph [celle où se trouve l’orgue de chœur]) issue des collections des Capucins et donnée à la collégiale lors de la suppression de leur couvent montois en 2014.

Enfin, le Trésor conserve une étonnante statue (laiton et argent) du XVIIIe montrant Joseph tenant l’Enfant Jésus par la main.

La collégiale présente également quelques scènes « plus rares » qui relatent des épisodes de la vie du père terrestre de Jésus.

Retable (1911) de la chapelle de Notre-Dame des sept Douleurs – détail du groupe Jésus parmi les docteurs.

Dans une verrière de 1893, la scène principale est consacrée, selon les auteurs qui ont consacré quelques lignes à la verrière, au mariage de la Vierge et de Joseph (chapelle des Féries). La scène représentée met en évidence les époux, déjà auréolés, au moment de l’échange des consentements en présence d’un célébrant et de témoins. D’autres pourraient y voir une représentation plus habituelle du mariage des parents de Marie, Anne et Joachim[5].

Dans le retable réalisé en 1898 et situé dans la chapelle de Notre-Dame d’Alsemberg, deux compartiments (registre supérieur, à droite et à gauche) doivent retenir notre attention. L’iconographie retenue est inspirée d’un évangile apocryphe (non-canonique) « Histoire de Joseph le Charpentier ».

Détail de la mort de saint Joseph – retable de 1898 – chapelle de Notre-Dame d’Alsemberg.

Dans le premier, Joseph « enseigne » son métier de menuisier – charpentier à Jésus, en présence de Marie qui veille sur son Fils. Dans le second, le sculpteur a représenté la mort de saint Joseph dans les bras de Jésus, toujours en présence de la Vierge qui tient en mains une main de son époux tandis que Jésus maintient le corps de son père au moment de sa mort à un âge avancé[6].

Ces trois scènes ne sont pas les plus habituelles dans l’iconographie consacrée à Joseph.

Sur l’autel de la chapelle Saint-Joseph.

Ajoutons qu’une chapelle est toujours dédiée, probablement depuis le XXe, à saint Joseph dans la collégiale : la chapelle 8, celle où se trouve l’orgue de chœur. Le retable porte encore la mention « ITE AD JOSEPH ». Plus anciennement, la chapelle désormais dénommée « Les Féries Notre-Dame » était appelée « Notre-Dame et Saint-Joseph » (c’était le cas en 1857).

Il semble qu’à certaines époques un groupe « Saint-Joseph » participait à la procession du Car d’Or. Une des mentions de ce groupe date de la fin du XIXe et il s’agissait alors d’un groupe de la paroisse Sainte-Elisabeth. Une confrérie de Saint-Joseph y a existé jusqu’au XXe (mais la statue n’existe plus en 2023)

La chapelle (attestée dès le XVIe) dédiée à saint Joseph dans l’église de la rue de Nimy (Sainte-Elisabeth) possède comme tableau d’autel une Sainte Famille due au talent d’Antoine Van Ysendyck, celui-là même qui a réalisé, en 1850, le tableau « Sainte Waudru et ses filles visitant les prisonniers ». Cette peinture fut offerte à la collégiale par celle qui était la dernière chanoinesse en résidence à Mons et qui dans ses prénoms avait celui du père de Jésus : Henriette Bernardine Joseph de Spangen[7].

Benoît Van Caenegem

Conservateur de la collégiale Sainte-Waudru et de son Trésor

 

[1] Elle est désormais fixée au troisième samedi de mars.

[2] Seules cinq des sept Douleurs sont évoquées.

[3] Joseph est représenté dans cette verrière à côté de Sainte-Waudru (présentée en abbesse).

[4] On retrouve la même iconographie dans la peinture du revers d’un des volets du retable de Saint-Jean-Baptiste de la Salle ; le retable étant toujours ouvert la représentation de saint Joseph ne se découvre que très rarement.

[5] Le mariage des parents de la Vierge, Anne et Joachim, est en effet plus fréquent dans l’iconographie liée à Marie.

[6] L’Abbé André Minet, Doyen de Sainte-Waudru nous précise : « D’après une tradition qui provient d’un évangile apocryphe du VIème siècle (« Histoire de Joseph le charpentier »), Joseph serait mort dans les bras de Marie et Jésus, à l’âge de 111 ans. Cette tradition explique pourquoi Joseph est souvent représenté sous les traits d’un vieillard ».

Voir « Evangiles apocryphes, réunis et présentés par France Quéré », Ed. du Seuil, 1983, p.95-114, chapitre intitulé « Histoire de Joseph le Charpentier ».

[7] Les prénoms de la chanoinesse de Spangen sont repris sur son acte de baptême en la collégiale Saint-Germain de Mons, le 3 novembre 1767, jour de sa naissance. Son troisième prénom est bien orthographié « Joseph » et non Josèphe comme c’est parfois le cas.