En chantant … mais sous conditions.

Fin du XIXe siècle est créée à Mons, en la collégiale pour être précis, une société nommée « La Chorale Sainte-Waudru ». Si l’on s’en réfère à la date la plus ancienne consigné dans le « Livre d’Or »[1], cette société aurait été fondée au cours de 1896. C’est en effet le 5 juillet 1896 que le Conseil de Fabrique, à la demande du vicaire de la paroisse l’abbé Potvin, accorde son patronage à la Société et s’engage à l’aider dans la mesure de ses moyens.

Le livre commence par présenter les « Membres fondateurs du Comité : M. C Toint, président d’honneur ; M. E Hélin, président ; M. G Cambier, vice-président ; M. F Hinnens, directeur ; M. V. Potvin, vicaire-secrétaire ».

Viennent ensuite les membres d’honneur, c’est-à-dire le clergé paroissial et la Fabrique :

« I Membres du Clergé paroissial. M. le Chanoine Michez, Curé-Doyen [de 1875 à 1899]. MM. les vicaires Famelard[2], Denamur, Taminiau, Potvin.  II M.M. les Président et Membres de la Fabrique de l’Eglise. M. Benoit Quinet ; M. Wery, Président honoraire du Tribunal ; M. le Chevalier de la Roche ; M. Toint Secrétaire du Gouverneur ; M Latteur ; M. l’Avocat Le Tellier ; M. le juge de Patoul ; M. l’Avocat Lemaire ; M. Tercelin[3] ».

Un peu plus loin dans le livre (après avoir établi une liste des 41 membres protecteurs de 1896 à 1900[4], un « registre » de 51 signatures des membres exécutants fondateurs, un règlement de l’organiste[5] – tel que validé par le Bureau des Marguilliers de Sainte-Waudru en sa séance du 10 septembre 1899 sur proposition du doyen Lemaître- et quelques pages vierges) se trouvent les « statuts de la Société ».

Le but de la Société est précisé : « Les membres de la Société La Chorale Ste Waudru veulent, par leur concours, rehausser les cérémonies religieuses de la paroisse ».

La composition de la Société suit : « 1° Un comité  … 2° Les membres d’Honneur … 3° Les Membres protecteurs « dont la cotisation, laissée à leur générosité personnelle, est fixée cependant à un minimum de cinq francs » … 4° Les membres exécutants amateurs  « dont le nombre et le choix est limité et fixé par le Comité ».

Les obligations de la chorale sont fixées et limitées : « La Chorale Ste Waudru exécutera une œuvre choisie au moins aux grandes fêtes de l’année : Pâques  La Pentecôte  L’Assomption  La Toussaint et la Noël, et un Te Deum. Les exécutions supplémentaires sont laissées à la bonne volonté des membres exécutants[6] ».

Le point IV des statuts concerne l’administration de la Société :

« Les intérêts de la Société sont administrés par la commission

  1. Celle-ci veille à l’exécution du règlement, statue sur les demandes d’admission, fixe les jours et heures des réunions, prend toutes les mesures qu’elle croit utiles aux intérêts de la Société.

  2. Les délibérations et décisions de la Commission seront consignées sur un registre tenu par le secrétaire-trésorier.

  3. Le Directeur préside à toutes les répétitions et exécutions.

  4. Le secrétaire-trésorier, dans une réunion plénière du Comité, fera connaître, chaque année, la situation financière de la Société.

Enfin, le point V précise : « Tous les membres exécutants voudront bien se conformer à un règlement spécial, rendu obligatoire à partir du jour où il en sera donné lecture dans une réunion générale de la Société ».

Vient ensuite, sur une autre page et en cinq points, le « Règlement de la Société

I   Il y aura pour chaque exécution quatre répétitions au minimum.

II   Celles-ci commenceront à 8 heures ½ précises et ne pourront durer plus de deux heures.

III   Plusieurs absences successives et non motivées aux quelques répétitions qui précèderont chaque exécution seront considérées comme une démission tacite de la part du membre qui en sera averti après délibération de la Commission.

IV   Les membres exécutants s’engagent en entrant dans la Société à accueillir avec déférence les avis de la direction pour la partie musicale.

V   Tout cas non prévu par le présent règlement sera soumis aux délibérations de la Commissions ».

Une liste des choristes datant de 1900 figure également dans le livre.  On y dénombre ainsi une trentaine de choristes répartis entre ténors (en deux groupes) et basses.

L’abbé Potvin a sans doute emmené avec lui le registre car sur trois des pages se trouvent les noms des membres (liste établie en 1911) de la confrérie du Très Saint Sacrement de Strépy où l’abbé Potvin a été nommé Curé.

La Société La Chorale Ste Waudru ne semble pas avoir continué ses activités après 1900 (si l’on s’en réfère aux rares mentions de cotisations pour cette année).  Mais il est vrai qu’à Sainte-Waudru, comme dans d’autres églises montoises, la voix des orgues est suffisante pour accompagner les offices paroissiaux. Et quand on a la chance de disposer de bonnes orgues (et de bons organistes), la présence d’une chorale n’est pas forcément nécessaire. Et dans le cas de la chorale de Sainte-Waudru, l’absence de rôle précis pour l’organiste (d’où peut-être l’ajout du règlement de l’organiste en 1899[7]) dans les statuts et le règlement de la chorale a vraisemblablement joué un rôle dans l’existence éphémère de la société ; à moins que la promotion de l’abbé Potvin à une nouvelle fonction n’en soit la cause.

Benoît Van Caenegem

Conservateur de la collégiale Sainte-Waudru et de son Trésor

[1] Ce « Livre d’Or » fait partie des collection/ archives de la collégiale Sainte-Waudru.

[2] L’abbé Firmin Famelard  est nommé vicaire à Sainte-Waudru en 1887 et quitte Mons en 1900 pour être nommé Curé de la paroisse Saint-Laurent à Couillet.

[3] Soit la composition du Conseil de Fabrique en 1896.

[4] Une liste de 41 noms, établie en 1905, suit celle des membres protecteurs étable de 1896 à 1900. Elle semble relative à la ville de Tournai.

[5] Ce règlement est d’une autre main que le reste des écrits consigné dans le livre d’Or de la Société.  L’encre utilisée est violette et l’écriture cursive de moindre qualité. Le règlement recopié est identique au mot près à celui validé par les marguilliers qui dans leur rapport ajoutent un point relatif au traitement de l’organiste et un autre expliquant comment se déroulera l’examen de recrutement du nouvel organiste le 25 septembre 1899.

[6] On notera qu’il n’est nullement fait mention de la Trinité qui ne semble pas alors considérée comme un événement à rehausser par les chants d’une chorale.

[7] L’organiste, dans les statuts d’origine, est juste repris dans les « membres exécutants fondateurs ».