Saint François, discret mais bien présent dans le patrimoine de Sainte-Waudru

Le 4 octobre, l’église fête saint François d’Assise. Né en 1182 et décédé en 1226, il est probablement l’un des saints les plus connus de la chrétienté. Sans vouloir être exhaustif, une visite de la collégiale sur les traces de saint François s’impose…
La représentation qui est probablement la plus ancienne que conserve la Collégiale est celle qui se trouve dans le livre d’heures (fin XVe [1490] – début du XVIe [1508]) précieusement gardé dans les collections du Trésor.

Saint François recevant les stigmates – Miniature du livre d’heures fin XVe début XVIe © Vincent Rousseau

On y voit, miniature sur vélin, l’apparition d’une croix dans le ciel au-dessus de François agenouillé et qui reçoit les stigmates. Cet épisode de la vie du saint se retrouve également dans les peintures des lambris de l’ancienne chapelle accordée aux drapiers.
Cette précieuse représentation de saint François n’est pas visible directement, la Fabrique, propriétaire du livre, ayant pris la décision de laisser le livre d’heures fermé dans le but de le conserver dans le meilleur état possible. Seule la couverture en cuir du livre peut désormais être admirée (1) .

Saint François est représenté trois fois dans les verrières hautes du chœur

  • Jésus retrouvé au Temple (vitrail daté de 1511) ;

    Saint François dans la verrière de l’Adoration des Mages © Vincent Rousseau

  • L’Adoration des Mages (vitrail daté de 1514) ;

  • François Buisseret (vitrail daté de 1615).

Dans les trois verrières, saint François est figuré en tant que saint Patron des donateurs :

  • Dans la verrière de 1511, il est patron du frère de Philippe le Beau : l’archiduc François (mort en bas âge) agenouillé devant lui

  • Dans celle de l’Adoration des Mages, il est patron de Françoise de Luxembourg, donatrice du vitrail avec son époux Philippe de Clèves (2) .

  • Dans la verrière datée de 1615, il est représenté recevant les stigmates près de l’archevêque François Buisseret né à Mons en 1549 et devenu archevêque de Cambrai en 1614

Le patrimoine de la collégiale dispose aussi d’une représentation de saint François sculptée dans la pierre bleue. Elle se trouve sur le monument funéraire de Christophe Noël et de Françoise Corbault, intégré dans le mur ouest du collatéral sud.
Les époux sont cités dans le texte gravé « Ci devant gist xpofle Noel en son teps m e des ouvraiges de ceste eglise qui trespassa le XX e janvier XV c LX et demiselle franchoise Corbault sa III e feme qui trespassa [date non sculptée] » mais ne sont pas représentés directement.

Saint Christophe et saint François, leurs saints patrons, les « représentent », entourant alors une des plus anciennes représentations de sainte Waudru et ses filles conservée en la collégiale.
A proximité du Car d’Or, dans la chapelle des Trépassés, une peinture sur toile, qui mériterait d’être restaurée, nous montre « Saint François intercédant pour les âmes du purgatoire ». Le saint revêtu de sa traditionnelle bure, est agenouillé devant le Christ tout en lui montrant le purgatoire afin d’obtenir son indulgence pour les âmes qui s’y trouvent. Sur cette peinture, les stigmates sont bien visibles sur les mains de Saint-François.

Détail des panneaux de la chapelle des drapiers © Vincent Rousseau

Mais il faut se diriger vers le déambulatoire sud, dans l’ancienne chapelle des drapiers (juste à côté de celle des Féries), pour découvrir une chapelle dont les lambris semblent avoir été conçus pour mettre saint François en valeur. Ces derniers, du XVIe, portent douze peintures – probablement actualisées au XVIIIe- qui, telles les cases d’une bande dessinée, racontent divers épisodes marquant de la vie ou des miracles du saint.
On peut ainsi y lire, sans entrer dans le détail, les scènes suivantes :

  • Sur les lambris situés sous le vitrail (de gauche à droite) :

    • Naissance de François.

    • Le Christ demande à François de réparer l’église en ruine.

    • François en conversation et diverses visions.

      Saint François et saint Philippe accompagnent l’archiduc François et Philippe le Beau dans la verrière de 1511 Jésus retrouvé au Temple © Vincent Rousseau

    • Les frères mineurs voient saint François apparaître en gloire sur un char de feu.

    • François bénit de l’eau prise dans un puits.

    • Le frère Bernard inflige une pénitence à François (3) .

    • François subit l’épreuve du feu devant le sultan d’Egypte.

  • Sur les lambris situés face à l’autel (de gauche à droite) :

    • François se roule dans un buisson d’épines.

    • Apparition du Christ et de la Vierge à François.

    • Prédication aux animaux.

    • Stigmatisation de François.

    • Mort de saint François.

Dans le neuvième panneau, celui de l’apparition du Christ et de la Vierge à saint François, la scène semble se dérouler dans une église dont un des tableaux évoque la Nativité. Faut-il y voir un clin d’œil à saint François qui, le premier en 1223, a pensé à installer une crèche vivante pour célébrer la fête de Noël ?

Deux statues, sont « intégrées » à la partie basse des lambris. L’une avec des traces de polychromie date de la fin

Saint François et saint Philippe accompagnent l’archiduc François et Philippe le Beau dans la verrière de 1511 Jésus retrouvé au Temple © Vincent Rousseau

du XVIe ou du début du XVIIe et a peut-être été réalisée pour la chapelle des drapiers du temps des chanoinesses. La seconde, en chêne « naturel », a intégré le patrimoine de la collégiale en 2014 quand la chapelle des Capucins a été désacralisée.
Le patrimoine des Capucins a alors, en partie, été réparti dans les églises paroissiales montoises, ce qui explique que la statue de Saint-François, autrefois propriété des Capucins, se trouve désormais en Sainte-Waudru. Notre-Dame de Belle Dilection, qui était également hébergée, protégée et vénérée dans la chapelle des Capucins, a, quant à elle, trouvé refuge en l’église Sainte-Elisabeth où elle fait toujours l’objet de nombreuses attentions au fil de l’année…
Et en passant par le Trésor, prenez un peu de temps pour y découvrir quelques rares représentations de saint François, outre celle déjà évoquée du livre d’heures :

  • une peinture sur bois du XVII e représentant le saint (partie d’un ancien triptyque (4) ) ;

  • une « mini » statuette représentant François intégrée dans un reliquaire multiple du XVII e  ;

Si saint François n’est pas le saint le plus représenté dans le patrimoine de la collégiale (c’est Marie qui est la plus représentée), il est cependant bien présent dans l’église dédiée à la patronne de Mons.

Benoît Van Caenegem
Conservateur de la collégiale Sainte-Waudru et de son Trésor

1 Sur la couverture, représentations de sainte Marguerite et d’un dragon.
2 Sur cette verrières, les stigmates de saint François sont bien visibles sur une main, un pied et sur son côté grâce
à une déchirure dans sa bure.
3 Merci à M. le Doyen André Minet pour le transmis de l’analyse du panneau établie par Deborah Lo Mauro et
pour sa lecture de la scène représentée : « Le personnage au sol est saint François (l’auréole l’atteste) et le
personnage debout est un frère qui lui inflige une pénitence que François lui-même lui a demandée en réparation
de l’inattention que François avait manifestée vis-à-vis de ce frère. Les « Fioretti » (au chapitre 3) racontent
comment pour une mauvaise pensée que saint François eut contre frère Bernard, il ordonna au dit frère Bernard
de lui marcher trois fois sur la gorge et sur la bouche.  Bernard de Quintavalle est le premier compagnon de saint
François ».
4 Le deuxième panneau est consacré à sainte Claire.